Le financement du plan Informatique pour Tous (1985)
Cet article propose une analyse détaillée, fondée sur des archives, des témoignages et des rapports, du montage qui a permis au gouvernement socialiste, en 1985, de financer le plan Informatique Pour Tous (IPT), vaste plan d’équipement des établissements scolaires en micro-ordinateurs. Ce plan d’équipement, non prévu en loi de finances initiale, n’a pas fait l’objet d’un collectif budgétaire : il a donc fallu, en période de rigueur budgétaire, avec un budget en déficit déjà négocié au plus juste, dégager 2 milliards, dont 1,5 pour les équipements informatiques. Complètement atypique du point de vue des us et coutumes budgétaires s’imposant à l’Éducation nationale, ce plan IPT perd de sa singularité si on l’envisage comme une variante des aides à l’industrie, un poste de dépense dont l’opacité était régulièrement relevée. Ces irrégularités ont été presque immédiatement connues et dénoncées dans l’arène politique, puis documentées par la Cour des comptes, sans grande conséquence pour l’administration ou les responsables politiques. L’aval donné par le Conseil constitutionnel au transfert d’un certain nombre de dépenses du budget général vers le budget annexe des PTT avait d’ores et déjà ouvert la voie aux mécanismes employés pour financer le plan IPT. L’épisode met enfin en scène la Direction du Budget dans un double rôle de gardienne et de metteuse en scène d’un ordre budgétaire, dont elle doit, politiquement, préserver l’apparence lors même qu’elle n’a pu en sauvegarder la substance.
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