Des épouses solidaires ? Reproduire le travail gréviste en situation de désindustrialisation (1975-1980)

À partir de l’étude de plusieurs cas, cet article revient sur le rôle notable joué par les épouses de grévistes organisées dans la pérennisation des mouvements de grève qui surviennent pendant la désindustrialisation (1975-1980). Il reprend le concept de « travail militant reproductif » pour désigner l’ensemble des tâches invisibles – gestion du budget familial, travail émotionnel, organisation logistique et collective – qui soutiennent la grève. L’analyse croisée des chantiers navals Dubigeon à Nantes (1977), du Parisien Libéré (1975-1977) et de l’usine Alsthom à Belfort (1979), appuyée sur une bibliographie traitant d’autres situations, permet de montrer comment ces femmes, qu’elles soient salariées ou pas, souvent cantonnées à des rôles domestiques et peu reconnues, parviennent néanmoins à organiser et à renforcer la solidarité ouvrière, malgré les répressions patronales et étatiques et plus largement la difficile reconnaissance de leur contribution y compris par les organisations syndicales.