Dire non. Les ressorts intersectionnels des grèves de femmes de chambre

Par Saphia Doumenc
Français

Les grèves menées par les femmes de chambre suscitent souvent plus de surprise, voire de sympathie, que d’autres formes de mobilisation. Cet étonnement, qui révèle la force du déni d’antériorité entourant les luttes d’ouvrières, est renforcé par le caractère supposément « improbable » et rare des luttes féminines. Afin de rompre avec cette lecture, assimilant les classes populaires à des populations « sans ressource », cet article envisage de décloisonner l’étude de l’engagement dans des mobilisations syndicales en adoptant une sociologie générale et intersectionnelle. Depuis quels espaces ces mobilisations émergent-elles ? Comment se déroulent-elles concrètement ? Pour en rendre compte fidèlement encore faut-il se donner les moyens d’observer en pratique le croisement des dominations multiples de classes, de race et de genre afin d’identifier comment elles organisent une identification collective basée sur la compréhension de ces mécanismes de domination (1), mais également la manière dont la mobilisation peut constituer une opportunité de sortie de ces dominations (2). La quête d’autonomie et la défense d’un droit à vivre dignement trouvent leur origine bien en amont des conflits observés. Ceux-ci s’inscrivent à cet égard dans un continuum entre les sphères privées et professionnelles. L’article s’appuie sur une enquête ethnographique faite d’observations et d’entretiens menés auprès de femmes de chambre mobilisées à Marseille entre 2017 et 2022.

  • grèves de femmes de chambre
  • mobilisations « improbables »
  • intersectionnalité
  • articulation travail et hors travail
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