Devenir berger pour rester anarchiste ?

Par Gaspard Sénéchal
Français

À partir de l’étude approfondie de deux trajectoires d’entrée dans le métier de berger d’alpage au milieu des années 2010 de la part d’individus issus des fractions culturelles des classes moyennes et fortement marqués par leur inscription dans des espaces politiques, cet article analyse les rapports entre socialisation militante et mobilité sociale dans un contexte de fermeture des possibles biographiques et collectifs offerts aux détenteurs de capitaux culturels. Il montre comment des dispositions contestataires façonnées en dehors de la famille accentuent un désengagement universitaire, produit par la dégradation du contexte, et donne sens à une expérience dans un métier objectivement déclassé. Si le métier de berger apparaît pour les enquêtés qui ont abandonné leurs études supérieures comme un espace de réalisation de soi militante, c’est d’abord parce qu’il autorise le transfert en son sein de dispositions contestataires. Le maintien dans le temps d’un engagement militant dans le travail agricole est néanmoins confronté aux stratégies nécessaires pour s’installer durablement dans l’activité.

  • déclassement
  • stratégies de reconversion
  • socialisation militante
  • travail
  • styles de vie