Tenir la ligne : les conditions sociales du travail de mise en cohérence de soi

Par Julie Blanc, Noé Fouilland
Français

Les enquêtes de sciences sociales rencontrent parfois des individus capables de tenir un discours très élaboré sur leur mode de vie, qu’ils et elles présentent comme orienté autour d’une « ligne » de conduite politique ou religieuse. Ce dossier propose de revisiter le travail de mise en cohérence que mettent en place ces enquêté∙es à partir des outils de la sociologie dispositionnaliste. Il s’agit plus particulièrement de s’intéresser aux socialisations qui président au travail de mise en cohérence de soi, tant du point de vue des instances (quelles institutions socialisent à ce travail) que des dispositions favorables à cette réforme de soi (en quoi consistent ces dispositions et comment elles se constituent). Cette introduction revient d’abord sur l’exceptionnalité sociale de ces engagements intenses à « être cohérent » et sur la façon dont les enquêtes du dossier s’intéressent à la fois au réagencement des pratiques individuelles et à leurs rationalisations. Quatre dimensions sont ensuite approfondies : les formes variées d’« enveloppement » institutionnel des individus aspirant à la cohérence ; le travail de soi qu’ils et elles mettent en œuvre ; leurs entourages et leurs propriétés sociales et professionnelles ; les crises et les réajustements qui émaillent leur engagement.

  • cohérence
  • socialisation
  • disposition
  • institution enveloppante
  • travail de soi