Comment incarner l’Union ?
La gestion de la crise grecque a suscité nombre de diagnostics critiques qui y décèlent la consécration d’un pouvoir technocratique et austéritaire peu soucieux du respect des règles européennes. Cet article, en partant de l’analyse sociologique du travail normatif des personnels d’un service de la Commission européenne appelé « task force pour la Grèce », montre l’intérêt de dépasser une telle lecture afin de comprendre les effets de l’exceptionnalité sur les acteurs au cœur des politiques de crise. La crise grecque a constitué une épreuve, en ce qu’elle a rendu problématiques l’intervention et sa possible conformation aux règles européennes. En ressort une communication critique étonnante de la part d’un service apparemment technique, qui cherche à incarner un rétablissement du rôle de « bureaucrate européen », au risque de mettre à mal la cohérence institutionnelle dans la crise. Les tensions révélées par l’enquête se comprennent à la lumière croisée des contextes d’intervention, des acteurs et de leurs interprétations dans le cours de leurs activités. Se dessine une autre histoire de la gestion de la crise grecque, jusqu’alors trop souvent vue comme apolitique au cœur.
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