De l’hémicycle européen à la représentation d’intérêts : des circulations public-privé circonscrites mais des coopérations à bas bruit
Les revolving doors, entendues ici comme la reconversion d’anciens eurodéputés dans des métiers liés au lobbying, ont fait l’objet d’une attention médiatique et politique croissante ces vingt dernières années sans qu’il soit encore facile d’en objectiver le poids, les formes concrètes et les facteurs. Dans cette perspective, l’article exploite une double enquête : des données statistiques sur les devenirs post-mandat (dont le lobbying) d’une population d’élus – la délégation française au Parlement européen – croisées avec des entretiens conduits auprès d’anciens députés et de recruteurs potentiels dans les cabinets et grandes entreprises. On observe d’abord que l’occupation de postes de lobbyistes à temps plein après le mandat est un phénomène statistiquement marginal. L’enquête qualitative permet ensuite d’identifier une série d’explications renvoyant aux frontières professionnelles, y compris dans un espace européen réputé plus flou et plus plastique, entre institution politique et organisations privées/commerciales. L’article montre enfin que, pour autant, de telles trajectoires existent, auxquelles s’ajoutent, surtout, des formes diverses de collaborations avec les structures de représentation d’intérêt dont on s’attache à identifier quels députés y sont plus disposés, et quelles compétences ils y engagent.
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