Marcher contre l’inaction climatique
Entre 2018 et 2019, les manifestations et « grèves » étudiantes et lycéennes pour lutter contre le dérèglement climatique se sont multipliées et se sont imposées au cœur de l’actualité politique. Aux côtés d’autres types d’actions, ces mobilisations témoignent de la permanence des formes classiques de l’action collective. Face à ce qui s’apparente à un nouveau cycle dans l’histoire du militantisme écologiste, les enquêtes récentes se sont centrées sur les modes d’action les plus engagés (blocages, occupations…). Cet article se présente comme une contribution visant à éclairer des mobilisations plus massives, à partir de données quantitatives, afin de rendre compte des continuités et des évolutions quant aux profils sociaux et politiques des manifestant·es engagé·es sur les questions environnementales. Sur la base de questionnaires administrés au cours de quatre journées d’action, nous proposons une analyse du profil sociodémographique des personnes mobilisées mais aussi de leur rapport au politique. À distance des analyses qui en font un « mouvement de jeunes », désidéologisé ou désactivant les anciens clivages politiques, nous montrons que ces mobilisations recrutent dans les segments de la population historiquement investis sur l’écologie, tout en déplaçant les modes d’action privilégiés. Pour autant, loin d’être unifié, une étude de la composition du mouvement par les variables lourdes articulées entre elles peut permettre de comprendre la logique des oppositions internes au mouvement. Si le mouvement semble caractérisé par l’importante participation du salariat qualifié (et de leurs fils et filles) et l’ancrage à gauche, de petites distances sociales sont notables et contribuent à l’explication des clivages politiques et du renouvellement des types d’engagements, collectifs comme individuels.
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