La politique au parvis

Les exilé·es soudanais·es face au gouvernement de l’asile au Caire
Par Pauline Brücker
Français

En Égypte comme dans de nombreux autres pays du monde, le rôle du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR) dans la vie quotidienne des personnes exilées est central, ce dont attestent les venues régulières de certains de ses membres. Pourtant, les bureaux de l’organisation et de ses partenaires font l’objet d’une sécurisation qui les met à distance et réduit les possibilités d’interactions. Le guichet, lieu théoriquement central de ces rencontres administratives, est alors remplacé par le parvis, espace situé devant les bâtiments de l’organisation rendus de fait quasi inaccessibles, où sont confiné·es les exilé·es. Lieu d’entre-soi dont sont absents les agents administratifs, le parvis devient ainsi un lieu où l’on échange, socialise et apprend des parcours des uns et des autres. Ces mises en commun des expériences favorisent la prise en compte de failles structurelles dans le fonctionnement du gouvernement de l’asile et l’émergence d’une critique politique qui se traduit parfois en manifestations ou occupations du parvis. Adoptant un cadre théorique mêlant étude par le bas de la politique humanitaire internationale et rapport au politique des populations subalternes, cet article montre que le parvis, produit par ces dispositifs de mise à distance, de soumission à l’attente et de dépolitisation, induit en réalité une politisation inattendue des expériences de l’exil.

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