Dégoût de l’excessif et production de l’écologie dominante

Dossier. Inertie des politiques écologiques
Par Jean-Baptiste Comby
Français

Si l’écologisation des expériences bourgeoises du monde prend des tournures différentes en haut à gauche et en haut à droite de l’espace social, elle se heurte de part et d’autre à l’inertie des styles de vie et se révèle fuyante. Les membres de la bourgeoisie culturelle regrettent ce désajustement entre leur volontarisme écologique et sa traduction pratique, quand celles et ceux du pôle économique l’assument comme une expression de leur pragmatisme. Dans les deux cas, ces écologisations jugées imparfaites favorisent la formation, l’activation et l’actualisation d’une disposition réformatrice qui atteste la proximité idéologique de ces deux fractions de classe par-delà leurs styles de vie contrastés. Fondé sur une analyse couplant quarante-quatre entretiens approfondis et 1984 questionnaires, cet article cherche donc à comprendre comment l’intégration morale de la bourgeoisie résiste à la dispersion des idées et pratiques écologiques de ses membres. Il montre qu’au sein des classes dominantes, les conditions sociales ne sont pas réunies pour faire de la question environnementale un marqueur statutaire à même de convertir ces différences d’attitude en concurrence entre leurs fractions. Ces conditions apparaissent en revanche aux marges de la petite bourgeoisie où la disposition réformatrice devient moins centrale dès lors que les formes de sociabilité et de politisation portent plus souvent à faire de l’écologie un enjeu de placement et de classement social.

  • appropriations des idées et pratiques écologiques
  • bourgeoisie culturelle et économique
  • inertie des styles de vie
  • disposition réformatrice
  • enjeu statutaire
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