Financements occultés. Sur les usages socialistes de la coopération dans le Nord au tournant du XXe siècle

Dossier : La discrétion partisane
Par Sylvain Celle, Thomas Chevallier, Vianney Schlegel
Français

À partir du cas de la coopérative de consommation l’Union de Lille et en étudiant plus généralement la coopération socialiste dans le nord de la France, cet article porte sur les pratiques de discrétion, d’occultation et de mise au secret des enjeux de financement des activités politiques partisanes au tournant du XXe siècle. En revenant sur les débats relatifs au rôle que doivent jouer les coopératives dans la lutte politique et dans l’avènement du socialisme, l’étude souligne les stratégies de publicisation et de discrétion mobilisées par les dirigeants coopératifs quant au principe de subventionnement systématique des partis politiques. Au-delà de ces enjeux, le dépouillement des archives de l’Union de Lille montre que certaines décisions mettant en péril le modèle économique coopératif sont cachées aux sociétaires, tandis que les stratégies d’alliance de classe ou avec la franc-maçonnerie font l’objet de représentations ambivalentes, en oscillant entre opposition idéologique et acceptation tacite ou pragmatique au nom des besoins de financement de la lutte politique. Finalement, l’ensemble des débats et des pratiques analysés peuvent être rapportés aux processus de structuration et de professionnalisation de la vie politique française : la constitution d’une culture du secret autour des enjeux de financement du champ politique traduit bien son autonomisation et la sélectivité croissante dans l’accès à ses positions les plus hautes.

Mots clés

  • socialisme
  • mouvement coopératif
  • mouvement ouvrier
  • financement de la vie politique
  • culture du secret
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