Et si le surfeur des plus grosses vagues au monde était une femme ? La subversion de la bi-catégorisation sexuée par les pionnières du surf xxl

Varia
Par Anne Schmitt, Anaïs Bohuon
Français

Lors de l’hiver 2020, alors que la course au record de la plus grosse vague jamais surfée fait rage, Maya Gabeira et Justine Dupont surpassent les hommes. Pourtant, l’accès des femmes aux compétitions de grosses vagues est récent et résulte d’une bataille menée par les pionnières de cette discipline. Cet article retrace d’abord le parcours des pionnières du surf XXL et dévoile les fondements de la construction institutionnelle des catégories de sexe dans le surf. En effet, les difficultés rencontrées par ces surfeuses à leur entrée dans les compétitions classiques illustrent les injonctions à la féminité faites aux corps des surfeuses. Plutôt que d’encourager les surfeuses à exceller sur les vagues, le sponsoring – la source de rémunération principale de ces sportives – impose à leur corps des normes idéalement conventionnelles de la féminité entrant en contradiction avec un corps performant, musclé, (sur)entraîné et puissant. De ce fait, les différences supposées « naturelles » sont alors érigées comme preuve et justification d’une bi-catégorisation sexuée qui est, en définitive, construite et réifiée. Cet article montre ensuite de quelle manière le surf XXL fonctionne pour ces surfeuses comme une échappatoire où les performances sportives l’emportent sur les performances de genre. Pourtant, alors que l’égalisation des performances féminines et masculines vient bousculer la bi-catégorisation sexuée, l’interprétation genrée des exploits et des échecs et le maintien des catégories de sexe continuent d’entretenir une séparation sportive entre hommes et femmes.

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