La frontière évaluative de l’État
Entre 2013 et 2019, la mise en place du Service professionnel enseignant au Mexique, un nouveau système d’évaluation des enseignant·es, a été une tentative de recomposer radicalement les relations entre la profession enseignante et l’État. L’instrument est introduit par une coalition d’acteurs experts proches de l’OCDE qui tentent de professionnaliser les enseignant·es, de constituer en problème public le corporatisme éducatif, et d’y mettre fin à travers des mécanismes de sélection et d’évaluation impersonnels. En suivant les travaux d’Andrew Abbott, nous interprétons la mise en place du Service professionnel enseignant comme une charnière qui différencie et reconfigure les liens entre l’administration et la profession. L’instrument participe ainsi à l’émergence de deux écologies et est, de fait, premier dans la délimitation de leurs frontières et autonomies respectives. L’instrument active cependant des conflits dans ces mondes à présent distingués. En retraçant ces conflits et ces liens renouvelés entre les enseignants et l’administration centrale, l’article montre comment les instruments, et la résistance à ceux-ci, permettent la formation de différentes coalitions d’action publique.
- gouvernement par la performance
- résistances aux instruments
- État
- profession enseignante
- évaluation
- différenciation
- Mexique