Une mobilisation réformatrice ? Sauvons la recherche et la genèse des réformes de politique scientifique en France

Dossier : Réformes managériales et mobilisations professionnelles
Par Clémentine Gozlan
Français

En réaction aux coupes massives dans le budget de la recherche française au début du XXIe siècle s’est formé le mouvement « Sauvons la recherche » (SLR). Il émerge en 2004 en dehors des structures syndicales suite à la mobilisation de biologistes de renom qui se questionnent sur l’avenir de leur métier et sur les manières de défendre les intérêts de la science. En articulant sociologie des professions, sociologie des mobilisations et sociologie de l’action publique, cet article décrypte le rôle singulier qu’a joué un mouvement social de chercheurs dans la mise sur agenda des réformes de la recherche au début du XXIe siècle. Fondé sur la collecte d’archives inédites et plus de trente entretiens approfondis avec les scientifiques qui ont participé au mouvement dès son origine, l’article retrace comment SLR a d’abord construit un rapport d’opposition frontale au gouvernement, puis en est venu à participer au Comité d’initiative et de proposition (CIP), qui organise le travail réformateur des États généraux de la recherche en 2004. Il montre que la constitution de cette « charnière », c’est-à-dire au sens d’Andrew Abbott cet espace d’intermédiation entre gouvernement et collectif professionnel, est le produit d’une histoire conflictuelle, de débats et jeux sur les frontières de la profession et sur son rapport au politique. Entre mobilisation protestataire et travail réformateur, le cas dévoile une forme singulière de l’association des professionnels au gouvernement de leur secteur.

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