Sortir de l’usine pour mieux s’y imposer ?

Varia
La résistible affirmation du leadership de militantes syndicales dans une entreprise d’électronique (1968-2018)
Par Pierre Rouxel
Français

Cet article analyse les effets de la diffusion d’une « grammaire paritaire » dans les organisations syndicales sur l’agencement des rapports sociaux de sexe au niveau de collectifs militants locaux. À partir de l’étude des recompositions d’un syndicat CGT dans une entreprise d’électronique regroupant une part croissante de femmes qualifiées au fil des dernières décennies, il met en évidence les redéfinitions partielles de la division sexuée du travail militant occasionnées par la participation accrue des femmes aux activités des appareils syndicaux. Vecteur de stabilisation des carrières militantes, l’accès à des responsabilités organisationnelles longtemps réservées aux hommes constitue pour certaines femmes le socle d’une capacité renforcée à mettre en débat les stratégies et les priorités d’action et de revendication du syndicat. Partie intégrante du leadership syndical masculin jusqu’aux années 2000, la position d’interface entre l’entreprise et les réseaux de l’organisation est néanmoins l’objet de controverses renouvelées dans un contexte de fragilisation et d’institutionnalisation du syndicalisme. Cette étude de la féminisation syndicale « par le bas » met ainsi en lumière la variabilité des ressources militantes légitimes qui assure la reproduction dans le temps d’un monopole des hommes dans l’accès aux positions dirigeantes.

  • syndicalisme
  • genre
  • militantisme
  • rapports sociaux de sexe
  • restructurations industrielles
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