Les voies des économistes réformistes soviétiques vers le pouvoir pendant la perestroïka : une conversion au néolibéralisme ?

Dossier : L’État des économistes. La science économique face à la puissance publique (XXe-XXIe siècles) Volume 1
Par Olessia Kirtchik
Français

Les sources intellectuelles et sociales de la transition vers le « marché » et le capitalisme lors de la transformation postsoviétique en Russie sont souvent présentées comme extérieures à l’État et à sa classe dirigeante (nomenklatura). En particulier, les « jeunes économistes » – membres du « gouvernement des réformes », ils furent chargés de la mise en œuvre de mesures de libéralisation économique extrêmement impopulaires – auraient pour l’essentiel, faute d’expérience personnelle, suivi les prescriptions des conseillers occidentaux. Cette contribution vise à remettre en cause cette thèse de l’extériorité des réformateurs postsoviétiques et de leurs idées en suivant de près leurs trajectoires professionnelles et leurs engagements politiques dans les années 1980 et 1990. L’analyse révèle que les membres de ce groupe faisaient partie des réseaux de pouvoir et d’expertise au sein de l’appareil d’État bien avant la fin de l’Union soviétique, et que cette expérience leur a fourni un « capital réformiste » spécifique jouant un rôle décisif dans leur accès au pouvoir au moment charnière de l’automne 1991, peu avant la dissolution de l’URSS. Ainsi, cette analyse éclaire les logiques de sélection et de reproduction des élites intellectuelles et politiques en Union soviétique et en Russie enclenchées par la crise profonde du système soviétique.

  • réformes néolibérales
  • perestroïka
  • désintégration de l’URSS
  • sociologie des économistes
  • sociologie des crises politiques
  • approche biographique
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