Comment devient-on « prisonnier politique » en Russie ?

Varia
Métamorphoses d’une catégorie entre héritage dissident et expertise des droits de l’homme
Par Renata Mustafina
Français

Qui décide de qui est un « prisonnier politique » et qui ne l’est pas ? Cet article se propose d’étudier l’évolution de l’expertise sur les prisonniers politiques de la fin de l’URSS à nos jours, en interrogeant la façon dont des institutions identificatrices – des dissidents soviétiques aux organisations des droits de l’homme professionnalisées – délivrent le statut à certains prisonniers et le refusent à d’autres. Fondé sur une recherche documentaire (archives, mémoires, articles de presse) et sur une enquête de terrain menée auprès des acteurs des droits de l’homme, cet article montre que deux tendances majeures – l’internationalisation et la juridicisation – marquent l’évolution de l’expertise russe sur les dossiers politiques. Cette expertise se tisse en effet à la jonction d’un héritage – celui de la dissidence – et d’emprunts à des pratiques internationales standardisées et adaptées au cas russe, ce qui montre que les « droits de l’homme » ne sont pas simplement un pur produit de l’importation symbolique mais qu’ils se définissent dans une tension continue entre des enjeux locaux et des processus d’internationalisation.

  • droits de l’homme
  • prisonnier politique
  • catégorie
  • processus de politisation
  • sociologie de l’expertise
  • juridicisation
  • transnational
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