L’enclave et l’officiel

Dossier : Entreprises ancrées, États en jeu ?
Comment les plantations industrielles géantes intègrent le territoire politique au Cameroun
Par Guillaume Vadot
Français

En s’appuyant sur les monographies comparées de trois complexes agro-industriels dans les années 2010 au Cameroun, l’article rend compte des processus qui ont vu ces espaces concédés à des entreprises entamer leur intégration au territoire politique. Dans un contexte marqué par les privatisations et l’augmentation des surfaces, il décrit le redéploiement à première vue surprenant des pouvoirs locaux et du langage de l’officiel au sein et aux abords de ces espaces isolés et enclavés. Pour cela, il suit le positionnement particulier des quelques cadres d’entreprises qui atteignent des formes de notabilisation à l’échelle locale. Il se penche également sur la sociogenèse, dans le creuset des relations sociales auxquelles donne lieu la plantation, d’institutions locales toujours plus nombreuses et reconnues par l’administration (collectivités locales, subdivisions administratives, chefferies de tous types). En faisant le récit des mobilisations qui ont affecté les entreprises de plantation ces quinze dernières années, l’article montre également que ces différents complexes, y compris le seul d’entre eux à avoir conservé son statut d’entreprise parapublique, ont été exposés à des revendications similaires et à l’imposition d’obligations sociales comparables envers leurs employé·es et les communautés riveraines. Entre bricolages et compromis, ces espaces ont ainsi suivi chacun à leur manière une trajectoire d’intégration au maillage politique du territoire tel qu’il s’est redéployé ces deux dernières décennies. L’article témoigne en ce sens du dynamisme des pouvoirs locaux au Cameroun dans le contexte d’une décentralisation politiquement verrouillée.

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