De bons vagabonds pour l’État

Varia
L’extension ambivalente de l’aide sociale à l’hébergement (1959)
Par Mauricio Aranda
Français

Les délits de vagabondage et de mendicité du Code napoléonien de 1810 restent inscrits dans le droit jusqu’en 1994. Or l’aide sociale à l’hébergement est ouverte aux « vagabonds estimés aptes à un reclassement » dès 1959. Les intéressés peuvent désormais être hébergés durant six mois renouvelables dans des centres d’hébergement et de reclassement par le travail, gérés par des associations et agréés par l’État et les collectivités locales. Ayant lieu dans un contexte d’élargissement de l’État social via l’assistance, cette révision législative est d’autant plus marquante qu’au même moment se produit une chute drastique et continuelle du nombre de condamnations de vagabonds et de mendiants. Nourri d’une enquête archivistique, cet article porte sur la manière dont le vagabondage est problématisé dès le milieu des années 1950, au croisement de plusieurs espaces sociaux (politique, administratif, associatif et judiciaire), et requalifié légalement en objet d’action sociale le 7 janvier 1959. Il montre que le déplacement conséquent du problème d’une conception pénale à une conception sociale se réalise au prix d’un compromis sur la dimension discrétionnaire de l’aide sociale. Ainsi, l’article donne à réfléchir plus largement sur les mécanismes par lesquels l’État redessine la séparation séculaire entre bons et mauvais pauvres dans les politiques sociales contemporaines.

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