Où sont passés les criminels ?
Les rapports entre groupes armés et marchés criminels sont souvent décrits dans des termes essentialistes, qui projettent l’image d’une « contamination » des luttes politiques armées par des desseins d’accumulation. En réalité, guerre et crime entretiennent des rapports complexes ; la participation aux marchés criminels d’un groupe armé peut alimenter son ancrage social et son inscription dans des arènes politiques, mais elle peut également servir de soubassement à des entreprises de disqualification. La méthode proposée ici consiste alors à repérer les configurations sociales dans lesquelles l’accumulation criminelle devient un problème et à analyser en parallèle la façon dont les groupes armés se saisissent de ces catégories. Nous développons cette problématique à partir du cas de la Colombie, traitant parallèlement de deux groupes que tout oppose en apparence : guérilla des Farc et milices paramilitaires.