Modernes parce que traditionnels ?

Dossier : Paradoxes de la modernité
La légitimation du magnétisme en France et du chamanisme au Pérou
Par Fanny Charrasse
Français

Longtemps, dans les sociétés dites « développées », des pratiques magico-traditionnelles telles que le chamanisme, la voyance ou le magnétisme ont été disqualifiées, voire réprimées, au motif de leur caractère apparemment inconciliable avec la conception « moderne » de la science. Depuis quelques décennies, cependant, ces mêmes pratiques apparaissent de plus en plus tolérées. Dans certains cas, elles sont même encouragées et protégées par des acteurs institutionnels. Pour expliquer ce revirement d’attitude, nombre d’auteurs ont invoqué un changement culturel général. Mais cette invocation ne tient pas compte des transformations qu’ont subies les pratiques magico-traditionnelles elles-mêmes afin d’être « modernisées ». C’est justement ce travail de modernisation que cet article se propose d’étudier à partir de deux cas empiriques : le magnétisme en France et le chamanisme dans le Lambayeque (Pérou). En reprenant à Ulrich Beck ses concepts de modernisation simple et de modernisation réflexive pour leur donner un caractère opératoire dans le cadre de l’enquête de terrain, on cherche à décrire les effets, parfois paradoxaux, de la légitimation des pratiques magico-traditionnelles que rend possible leur modernisation : souvent vus – selon la conception propre à la modernité simple – comme entraînant un « retour en arrière », ces effets se révèlent au contraire, d’un point de vue sociologique, liés à l’approfondissement du projet moderne.

Mots-clés

  • pratiques magico-traditionnelles
  • chamanisme
  • magnétisme
  • processus de professionnalisation
  • patrimonialisation
  • modernisation réflexive
  • Ulrich Beck
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