Refuser l’impôt, définir le bien commun

Dossier : Politiques du commun (XVIe-XIXe siècles)
Antifiscalisme et pratiques politiques ordinaires en Allemagne au XVIIIe siècle
Par Rachel Renault
Français

Cet article examine les formes pratiques de l’antifiscalisme et les discours qui les justifient en Allemagne au XVIIIe siècle du point de vue des contribuables ordinaires, qui ne sont pas représentés dans des assemblées d’états. En refusant l’impôt, ils interrogent plusieurs des fondements essentiels du corps impérial dans son entier, et redéfinissent leur propre place en tant que sujets. Refuser l’impôt apparaît comme l’une des manières de conquérir dans les faits un droit de consentement et de refus qui, au-delà de l’impôt, s’étend à l’autorité politique en général. En mettant en œuvre des actions collectives contestataires, en réclamant transparence de l’information financière, équité de la répartition fiscale et consentement à l’impôt, les sujets font ingérence dans des affaires financières que leurs autorités s’efforcent de soustraire à leur emprise. Ces refus rendent possible l’émergence d’espaces publics à la fois fragmentés et conflictuels, et aboutissent à une lutte pour la définition du partage des prérogatives entre gouvernants et gouvernés. La contestation antifiscale, réinsérée dans la continuité des temps « chauds » et « froids », apparaît ainsi comme un lieu primordial de la réélaboration des droits politiques du sujet, précisément par ceux qui sont en principe exclus du droit à les définir, et de leur ingérence, presque par effraction, dans l’espace public légitime.

Mots-clés

  • Allemagne
  • xviiie siècle
  • fiscalité
  • culture politique
  • politisation
  • révolte
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