Le préfet face aux enseignants autonomistes en Guyane de 1946 au tournant des années 1960

Dossier : L’État outre-mer
Une inédite rencontre administrative en contexte post-colonial
Par Edenz Maurice
Français

À la suite de la départementalisation des vieilles colonies française en 1946, le préfet devient le chef des services de l’État de ces territoires. En Guyane, si dans un premier temps les populations se félicitent de cette inédite rencontre administrative, cette dernière ne s’en trouve pas moins, dans un second temps, bouleversée très rapidement. À partir du milieu des années 1950, la vie politique s’articule en effet entre une gauche locale créole et autonomiste et une droite départementaliste affiliée aux partis hexagonaux et taxée d’être sous la coupe du préfet. Les enseignants engagés dans les mouvements de cette gauche locale sont les principaux acteurs de cette inédite bipolarisation de la vie politique qui se traduit par de violents conflits. Prenant la mesure de ce phénomène à partir de rapports du préfet, le Gouvernement promulgue le 15 octobre 1960 une ordonnance qui prévoit sur proposition de ce même préfet le rappel d’office dans l’Hexagone des fonctionnaires perçus comme de virulents propagandistes d’idées subversives, au premier rang desquels se placent les enseignants autonomistes. Cet article montre comment en moins de vingt ans, l’opposition entre le préfet et les enseignants autonomistes donne à voir un nouvel espace politique dans l’ensemble national. Celui-ci se caractérise par une recomposition politique au cours de laquelle les enseignants créoles guyanais deviennent une élite dirigeante de leur département à la fois opposée et alliée à un préfet d’Outre-mer exerçant des pouvoirs exorbitants au nom de la crainte d’un séparatisme.

Voir l'article sur Cairn.info