Les sciences sociales face à la mobilité sociale

Dossier : Mobilités sociales
Les enjeux d’une démesure statistique des déplacements sociaux entre générations
Par Cédric Hugrée
Français

Ce texte revient sur deux débats centraux dans les travaux sur la mobilité sociale des dernières années : celui discutant des déclassements des générations les plus récentes et celui interrogeant les échelles d’observation des parcours sociaux entre parents et enfants. Dans un premier temps, l’analyse des destins de la cohorte 1975 conduit à nuancer l’idée d’une banalisation des déclassements de génération en génération et de groupes sociaux en groupes sociaux. On montre notamment que si les enfants des classes moyennes et supérieures nés au milieu des années 1970 connaissent une érosion réelle mais limitée de leurs perspectives, les enfants des classes populaires connaissent de meilleurs destins que ceux des seuls fils estimés, par Louis Chauvel, il y a près de 15 ans. Dans un second temps, le texte revient sur l’intérêt d’une table détaillée de mobilité sociale pour changer l’échelle d’objectivation des déplacements sociaux entre parents et enfants. Cette approche s’avère particulièrement riche pour observer les déplacements de faible amplitude et pour interroger certaines modalités spécifiques de reproduction sociale. On défend finalement l’idée que ce n’est pas tant la mobilité observée, mais bien la mobilité détaillée qui est sans doute « la plus proche de l’expérience sensible qu’ont les individus des phénomènes de mobilités ». Ainsi, loin de fermer la porte à la connaissance ethnographique ou qualitative des déplacements sociaux, ces premiers résultats issus d’exploitations secondaires de grandes enquêtes de la statistique publique les sollicitent et favorisent en retour l’identification de cas, si chers au raisonnement ethnographique.

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