Entre dépendance et rêve d’autonomie. Les usages populaires de l’État au Venezuela contemporain
Après les désillusions de la gouvernance néo-libérale, de nombreux États latino-américains s’ouvrent progressivement à une « société civile populaire » via la généralisation de dispositifs participatifs hybrides, agençant responsabilisation des bénéficiaires des politiques publiques dans les barrios et activation d’une « démocratie de surveillance ». En se fondant sur des enquêtes ethnographiques réalisées entre 2007 et 2011 sur les Conseils communaux vénézuéliens, cet article montre que les nouveaux rapports populaires à l’État peuvent être lus en croisant deux variables sociologiques, l’explicitation d’un état de dépendance et la production de nouveaux référents pour l’autonomie. Quatre types d’« usages populaires de l’État » apparaissent ainsi clairement (la dépendance refoulée, le victimisme, le conflit et la dépendance assumée), témoignant de la complexité des formes de politisation populaire enclenchées par le nouvel « État participatif ».