Des ouvrières en lutte dans l’après 1968

Dossier  : Appropriations ordinaires des idées féministes
Rapports au féminisme et subversions de genre
Par Fanny Gallot, Eve Meuret-Campfort
Français

À partir du cas des ouvrières de l’usine Chantelle de Saint-Herblain, cet article revient sur la manière dont des femmes syndicalistes d’entreprise – CGT et CFDT – envisagent le féminisme en théorie et en pratique. Tandis que les deux confédérations marquent leurs distances vis-à-vis du féminisme qui se massifie alors, des militantes d’extrême gauche établies en importent les idées et les pratiques à l’usine. Alors même que la plupart des ouvrières en rejettent l’appellation, notamment pour marquer leur appartenance à la classe ouvrière, dans le quotidien de l’usine les ouvrières échangent sur leurs vies privées, faisant de ces moments de travail des moments d’entraide et d’échange. Lors des grèves, elles mettent en avant leur dignité d’ouvrières de Chantelle, tout autant travailleuses que femmes, contre des discours stigmatisants, et conquièrent par l’action une nouvelle identité, individuelle et collective, associée à la lutte et à l’insoumission. L’article analyse ainsi le déploiement d’une agency parmi les ouvrières, c’est-à-dire d’une capacité à s’arranger avec les normes de genre qui pèsent sur elles, notamment leur assignation au travail domestique.

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