La gauche et le périurbain
Comment les élus des petites communes périurbaines se saisissent-ils des politiques nationales de logement – entre soutien à la propriété et promotion de la mixité sociale – pour tenter d’agir sur le bâti et le peuplement de leur territoire ? C’est la question que pose cet article à partir de l’étude d’une commune pavillonnaire en forte croissance et passée à gauche en 1983, un contexte dans lequel la question de la mixité sociale n’est que très rarement posée. L’analyse des logiques socio-politiques et institutionnelles qui sous-tendent, localement, la production des lotissements révèle, dès lors, leur ambiguïté : les grands lotissements « à l’américaine » visent à attirer les familles de classes moyennes lyonnaises, tandis que l’imposition de quotas de logements sociaux dans les nouveaux programmes doit permettre de loger les ménages modestes de la commune, majoritairement ouvriers et employés. Toutefois, la politique des élus se trouve largement infléchie par les promoteurs immobiliers, en particulier en période de crise économique. L’analyse statistique du peuplement des lotissements montre en effet l’écart qui sépare le projet politique de sa réalisation, avec l’apparition de processus de micro-ségrégation sociale et raciale à l’échelle des lotissements.