Pourquoi les croyances n'intéressent-elles les anthropologues qu'au-delà de deux cents kilomètres ?
Pourquoi les études anthropologiques privilégient-elles les croyances lointaines (comme les revenants médiévaux ou le chamanisme amérindien) et ignorent-elles souvent les croyances nées au sein de notre culture scientifique (comme l’astrologie ou l’ufologie), sinon pour les dénoncer ? Cet article montre que le refus d’étudier les croyances proches tient dans un autre refus (ou une incapacité), celui d’étudier les pratiques scientifiques, par crainte de tomber dans le relativisme. Il montre aussi que certains travaux qui ont proposé de prendre des croyances au sérieux l’ont fait au prix d’une critique des sciences responsables de la marginalisation de ces croyances, ce qui revenait à adopter à nouveau un ton critique. Il montre aussi que les travaux qui ont proposé une approche capable d’étudier sciences et croyances dans les mêmes termes ont souvent évité de mettre trop en avant les sciences. La pratique scientifique apparaît donc comme une tâche aveugle, particulièrement pour l’anthropologie française.