Espace et surveillances en établissement pénitentiaire pour mineurs
Résumé
À la croisée d’une sociologie de la surveillance, d’une sociologie des professions et d’une sociologie des résistances infrapolitiques en milieu autoritaire, cette contribution propose une ethnographie de la surveillance humaine et technologique en établissement pénitentiaire pour mineurs, saisi comme un territoire singulier mais emblématique du contrôle social. L’enquête empirique, originale, a ainsi permis de décrypter non pas le fonctionnement d’un panoptique omniscient mais celui d’un espace pénitentiaire fragmenté, où chaque sous-espace – couloir de circulation, cellule, unité de vie, pôle socioéducatif, pôle médical – est soumis à une épreuve de visibilité et à des enjeux spécifiques, structurés par des négociations conflictuelles entre différents corps professionnels (éducateurs, surveillants, professeurs, personnel soignant) et entre détenus et professionnels. Ce faisant, l’analyse des pratiques de surveillance témoigne de la complexité de l’économie relationnelle en détention et des modalités négociées mais asymétriques de la production de l’ordre.