Engagements soixante-huitards sous le regard croisé des statistiques et des récits de vie
Résumé
À partir de récits de vie et de données recueillies par questionnaire auprès d’un corpus de soixante-huitards ayant scolarisé leurs enfants dans deux écoles expérimentales, cet article pose la question des méthodes à mobiliser pour appréhender les registres de participation à Mai 68. Le recours à l’analyse factorielle, suivi d’une classification du corpus, permet dans un premier temps de déconstruire la catégorie de soixante-huitards en rapportant les différentes formes d’engagement aux caractéristiques sociologiques des enquêtés. La confrontation de cette classification statistique aux récits de participation des enquêtés permet ensuite de l’enrichir, mais également d’en souligner certaines limites, notamment l’impossibilité de dissocier les variables dispositionnelles (relatives au temps long des trajectoires antérieures à l’événement) des variables situationnelles (relatives au temps court de l’événement). Enfin, l’articulation des résultats obtenus par l’approche statistique et des hypothèses issues de l’analyse des récits de vie permet de proposer une classification alternative qui réintroduit le temps des événements dans celui des trajectoires. Cette dernière est ainsi plus attentive aux formes de politisation induites par la participation aux événements.