Mobilisations et luttes internes autour des questions homosexuelles à l'UMP : l'« affaire Vanneste »
Résumé
La littérature sur les grands partis de gouvernement en Europe est dominée par le modèle du parti entrepreneurial, qui met l’accent sur la professionnalisation, l’affaiblissement de leur ancrage social et la désidéologisation de leur compétition interne. À rebours de ces thèses, nous montrons qu’au sein d’un parti de gouvernement tourné vers la conquête du pouvoir présidentiel comme l’UMP, la compétition et les luttes internes ne sont pas seulement motivées par des stratégies individuelles de conquête électorale, mais peuvent aussi reposer sur des raisons idéelles et identitaires, liées à la socialisation et à l’ancrage social des membres. À partir de la mobilisation qu’ont suscitées les déclarations du député Christian Vanneste sur l’homosexualité, entre 2005 et 2008, nous analysons les logiques et mécanismes de formation et de politisation d’une configuration partisane conflictuelle mettant aux prises les partisans de C. Vanneste, issus de milieux catholiques conservateurs et familialistes, et ses opposants défenseurs des droits des personnes homosexuelles.