L’abandon du projet de fondation François Pinault a suscité une large et inédite controverse dans les mondes de l’art et de l’urbanisme. Présenté comme le premier projet privé de musée de grande envergure, il devait poser les jalons de nouveaux modes de partenariats public-privé dans l’action urbaine et culturelle. En revenant sur cet échec, cet article interroge les pratiques d’instrumentalisation de la culture dans les projets urbains. L’inscription des grands projets culturels dans la planification stratégique des villes révèle une conception instrumentale des relations entre ville et culture. Il s’agit ensuite de s’interroger sur les modalités de partenariat entre les aménageurs publics et de nouveaux acteurs privés entrant dans le monde de la production urbaine, dont la figure de l’entrepreneur-collectionneur est un cas extrême. Si la maîtrise d’ouvrage publique souffre encore des conséquences de ce renoncement, F. Pinault, lui, a su en tirer de nombreux avantages symboliques.