Régulariser ou non un imam étranger en France : droit au séjour et définition du « bon imam » en pays laïque
Résumé
En novembre 1990, le ministère de l’Intérieur, dans le but d’influer sur le profil des imams étrangers officiant sur le territoire français, favorise officieusement l’instauration d’une procédure particulière de surveillance des demandes de visas émises au titre de l’occupation des fonctions de « ministre du culte » musulman. Basée sur l’analyse systématique des trois cents dossiers d’imams constitués par les différents services concernés par cette procédure (entre 1991 et 1997), cette contribution se propose d’analyser le poids des différentes catégories d’entendement mobilisées le long de cette chaîne politico-administrative (RG, préfecture, BCC, DLPAJ, cabinet du ministre) afin de distinguer les « bons imams » des « mauvais ». Il s’agira ainsi d’interroger les décalages pouvant exister entre, d’une part, le discours médiatique des ministres de l’Intérieur sur les imams étrangers depuis une quinzaine d’années et, d’autre part, la réalité des pratiques administratives concernant les demandes de régularisation de cette catégorie de requérants.