« Nous ne prendrons jamais le maquis »

Entrepreneurs et politique en Tunisie
Par Béatrice Hibou
Français

A partir du cas tunisien, cet article récuse les idées d’une « entrée en politique » spécifique et circonstancielle des entrepreneurs et d’une « politisation » de ceux-ci, pour défendre celle du caractère fondamentalement politique des entrepreneurs. Les relations entre entrepreneurs et politique ne se réduisent pas aux jeux politiciens et aux aléas de la vie politique stricto sensu, pas même aux normalisations politiques. Les entrepreneurs sont toujours politiques en ce sens qu’ils s’insèrent dans les relations de pouvoir, qu’ils participent aux conflits, aux compromis entre acteurs en présence, qu’ils participent aux rapports de force et ce faisant façonnent aussi le politique. Dans des régimes autoritaires comme la Tunisie, toutes les stratégies d’accommodements ou de distanciation des entrepreneurs ne sont pas politiques en ce sens que leur positionnement ne relève ni de l’adhésion et de l’engagement total, ni de l’opposition frontale ; mais l’adhésion partielle et la prise en compte des contraintes, de l’intérêt personnel et de la violence latente ou l’expression d’un mécontentement sont politiques au sens large du terme dans la mesure où ils reflètent des positionnements, des rapports de force et des stratégies qui, in fine, dessinent les contours des relations de pouvoir.

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