Les contradictions d'une reconstruction démocratique « par le bas »

Le Guatemala dans l'après-conflit civil armé
Par Karine Vanthuyne
Français

Depuis la fin du conflit civil armé au Guatemala (1960-1996), plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) se sont inscrites dans la continuité du travail des deux « commissions de vérité » qu’a connues ce pays, en se donnant pour objectif de contribuer à la reconstruction de la démocratie « par le bas ». Internationales ou d’origine guatémaltèque, situées dans la capitale ou dans les villages où des massacres eurent lieu, elles travaillent à convaincre les populations locales de témoigner des violences qu’elles ont subies et d’endosser le statut de victimes qui, à ce titre, ont des droits à faire valoir auprès de leur gouvernement. À leurs yeux, amener ces populations à faire entendre leurs droits de victimes vise tout autant à leur donner une dignité (qu’elles n’ont selon ces ONG presque jamais connue) que, en rétablissant ainsi des relations de confiance entre elles et les autorités publiques, à les poser en citoyens à part entière du Guatemala. Rien n’est moins évident cependant tant cette double identité de victime et de citoyen, pensée comme cohérente et naturelle par les représentants de ces ONG, pose des dilemmes pratiques difficilement surmontables aux populations locales. C’est ce que je voudrais montrer dans cet article en focalisant l’attention sur la rencontre concrète qui s’opère entre une ONG particulière (le CALDH) et les survivants d’un massacre (Tut) réfugiés dans un village voisin, Wa’il.

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