Humanity's Histories Evaluating the Historical Accounts of International Tribunals and Truth Commissions

Par Richard Ashby Wilson
Français

Cet article se propose d’interroger l’idée répandue selon laquelle les tribunaux ordinaires se révèlent généralement incapables de produire des comptes-rendus historiques satisfaisants d’épisodes de violence politique, au motif soit que leurs méthodes et leurs objectifs propres sont par nature trop étroits, soit qu’ils se centrent prioritairement sur d’autres impératifs pratiques – en particulier la recherche de la culpabilité ou de l’innocence individuelles. Ces arguments ont notamment été produits à l’appui de nouvelles institutions à caractère non-judiciaire: les commissions de vérité, qui sont censées être le lieu de production d’une vision plus compréhensive du passé. L’article se propose de tester la véracité de ces arguments en examinant les rapports des commissions de vérité du Guatemala, d’Afrique du Sud et du Pérou, ainsi que les minutes des jugements des tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda. L’une de ses conclusions est que les commissions de vérité et les tribunaux à caractère international sont tendanciellement plus aptes à produire des récits du passé moins spécieux et plus compréhensifs – d’une part parce qu’ils sont moins tributaires des impératifs des États-nations, et de l’autre parce qu’ils recourent à des concepts de droit international (tel que celui de « génocide ») qui obligent à scruter de façon plus détaillée les dimensions collectives et institutionnelles d’un conflit. En conséquence, les facteurs déterminants, lorsqu’il s’agit de faire le récit historique adéquat d’un conflit politique, sont moins le caractère légal/judiciaire d’une institution que la relation de type organisationnel qu’elle entretient avec l’État-nation et l’ensemble des concepts de droit humanitaire international qui guident son fonctionnement pratique.

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