Skandalkonzerte

Arnold Schönberg ou le scandale de la forme pure
Par Esteban Buch
Français

Le scandale musical typique correspond à ce qu’on appelle en allemand un Skandalkonzert : une sorte de performance collective unique, ancrée dans le rituel normal d’un concert qui, pour des raisons particulières, tourne mal. Cet article suggère que ce type très spécifique de scandale peut donner des clés pour mieux comprendre certains aspects des phénomènes scandaleux en général. Ainsi, tandis que les scandales politiques tendent surtout à attirer notre attention sur la façon dont la norme transgressée est réaffirmée, le Skandalkonzert, comme c’est le cas plus largement des scandales artistiques, nous révèle, par sa capacité à susciter une révision des règles qui régissent l’activité artistique, le pouvoir transformateur du scandale. Il apparaît en outre que, parmi les arts, seule la musique semble avoir provoqué ce qu’on pourrait appeler des scandales de la forme pure, c’est-à-dire indépendants de tout contenu verbal ou iconique. Encore faut-il souligner que si une forme artistique « pure » parvient ainsi à faire scandale, c’est en vertu du fait qu’elle est perçue comme l’expression métaphorique de traits essentiels de la vie sociale et politique. Ainsi, les réactions d’indignation manifestées dans le Skandalkonzert, comme peut-être dans tout scandale, apparaissent-elles porteuses d’un sens qui excède l’objet sur lequel elles se portent. Ce sont ces différents points qu’explore l’article à partir de la réception des œuvres d’Arnold Schönberg dans la Vienne d’avant la Première Guerre mondiale.

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