Editorial

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Résumé

La tentation nazie des chômeurs dans l'Allemagne de Weimar. Une évidence historique infondée ? Un bilan des recherches récentes Emmanuel Pierru Cet article propose un bilan critique des travaux historiographiques sur la question des effets politiques du chômage dans l'Allemagne de Weimar. Il montre que la complexité et l'enchevêtrement de ces effets (directs, indirects, contextuels) appellent à nuancer très sérieusement la représentation commune qui voit dans le chômage et les chômeurs un puissant levier de la dynamique nazie. D'un point de vue électoral, et par-delà les redoutables difficultés de méthodologie statistique ainsi que les risques d'erreurs écologiques liées à l'interprétation de données agrégées, les recherches ont montré qu'il faut réfuter l'hypothèse d'un effet direct du chômage sur les résultats électoraux du NSDAP (à l'inverse de ce qu'on constate pour le Parti communiste allemand - KPD). Cependant, un possible effet de transfert n'est pas à exclure. Les formes de « radicalisation » observables sur cette période apparaissent davantage liées à la structuration de l'offre politique et à la paramilitarisation des grandes formations partisanes (NSDAP et surtout KPD) qui cherchent, avec un succès très variable, à enrôler les chômeurs dans leurs rangs.

Voir l'article sur Persée