Guru et politique en Inde. Des éminences grises à visage découvert ?

Economie politique du secret
Par Christophe Jaffrelot
Français

Résumé

Guru et politique en Inde : des éminences grises à visage découvert ? Christophe Jaffrelot La configuration classique du pouvoir en Inde associe au souverain un conseiller spirituel de caste brahmane. Ce schéma traditionnel a perdu tout droit de cité dans le cadre de la sécularisation de l'Etat après 1947. Néanmoins, des hommes politiques, comme Indira Gandhi, ont continué d'entretenir d'étroites relations avec leur guru et ont volontiers rendues publiques ces relations lorsque cela améliorait leur popularité. En fait, de telles relations se révélaient illégitimes lorsque les guru en question étaient des tantriques ou lorsqu'ils entretenaient des liens illicites avec le monde criminel. Le rapport au pouvoir qu'entretient le RSS (Rashtriya swayamsevak sangh, Association des volontaires nationaux) est calqué sur le modèle traditionnel puisque cette organisation se veut le guru du pouvoir. L'accès de « son » parti politique, le BJP, au gouvernement lui en donne la possibilité depuis 1998. Après s'être contenté de conseiller le pouvoir en coulisses, le RSS sort de plus en plus de l'ombre en partie parce que le premier ministre Vajpayee peut trouver avantage à se prévaloir de ses liens privilégiés avec une organisation connue pour sa pureté doctrinale et son intégrité. Le caractère secret des guru modernes est donc à géométrie variable, que les guru en question soient des individus ou, comme dans le cas du RSS, des collectifs.

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